Club de jardinage d'Ans - Résumé des conférences

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Résumé de la conférence de J. Deleuse

Longtemps ignoré, le sujet est aujourd’hui traité dans des émissions de tv ou des articles spécialisés. Le Larousse des vins lui consacre 3 pages. La production belge est promise à un bel avenir et est estimée à ce jour à quelque 600.000 bouteilles.

La tradition vinicole est longue puisque dès le 5ème siècle, on a des vignes à Torgny , puis dans la vallée mosane; il y aura même des vignes dans la vallée de l’Ourthe, de l’Amblève, du Geer. On fera du vin de Maastricht à Bouvignes (le bout des vignes).

  • Le vin et les Gaulois (Italie du Nord, France, Belgique)

Les vins étrusques sont importés dès le 7ème s. en Gaule méridionale. Les colons grecs font pousser la vigne à Marseille et dans le Languedoc dès 600 avant J.C. C’est lors de de la victoire d’Allia sur Rome en 386 avant J.C. que les Celtes découvrent le vin .Le vin d’Italie et de Grèce, produit par Marseille, est diffusé dans tout le monde celtique dès 57 avant J.C.

Dès le 1er siècle, les Romains qui ont conquis la Gaule ravissent aux marchands marseillais le marché gaulois et vont faire progresser la culture du vin. Le vin gaulois atteint une telle renommée qu’il menace l’exportation des vins italiens et que l’empereur Domitien fera arracher la moitié des vignes de la Gaule (92 ap.J.C.) ; elles ne seront replantées qu’au 3me siècle. On doit aux Romains le pressoir, la serpe vigneronne, la taille, et aux Celtes le tonneau. La viticulture progresse vers le Nord de la Gaule : au 1er siècle on la trouve en Languedoc, Roussillon ; au 2ème à Bordeaux et en Bourgogne ; au 3ème, les cépages s’adaptent à la Loire ; au 4ème, la vigne arrive en Alsace et sur la Moselle. ; au 5ème la vigne se développe en Belgique, à Torgny, puis au 7ème à Amay, Huy ; au 9ème, à Liège…

Au 4ème siècle, l’Edit de Milan(313) par lequel l’empereur Constantin reconnaît la religion chrétienne comme religion d’Etat, favorise l’épanouissement de la viticulture, car il faut du vin pour le culte (on communie sous les 2 espèces jusqu’au 13ème siècle).

Après la chute de l’Empire Romain d’Occident en 476, la dynastie des Francs avec Clovis et Charlemagne (9ème s.) favorisera la vigne en vallée mosane. C’est à l’Eglise et aux moines, Bénédictins et Cisterciens qui s’appuient sur des connaissances botaniques et géologiques, qu’il faut attribuer le développement de la vigne et les progrès de la viticulture. On compte ainsi 1000 monastères bénédictins au 12ème : chez nous Saint-Laurent, Val Saint-Lambert, Val Benoit, Ste- Véronique, Flône, Marche-les-Dames parmi beaucoup d’autres auront leurs vignobles et feront du vin pour accueillir et soigner (Avec la bière, le vin était la seule boisson hygiénique, car l’eau des puits était souvent polluée et provoquait choléra et autres maladies. On ignorait à l’époque l’existence des microbes et le mécanisme de vinification qui transforme le jus de raisin en alcool. Il faudra attendre Pasteur et Chaptal pour comprendre et maitriser cela).

Le développement de la vigne s’arrête au 16 siècle avec la Réforme; c’est à la fin du 16ème s .qu’apparaît le bouchon de liège (à Rome, le bouchon était fait de terre glaise entourée de tissu). Quant à la bouteille de verre, connue pourtant des Romains, elle ne sera utilisée pour le vin qu’au 18ème s.

Concluons ainsi que César et l’Eglise ont fondé la France des vins

  • Panorama des vignobles belges d’hier et d’aujourd’hui
    •  Hier
      (Dans le livre de Joseph Halkin, édité en 1845, on découvre tous les vignobles belges de 830 à nos jours. Sur le site www.vignes.be, on peut en consulter la réedition « Etude historique sur la Culture et la Vigne en Belgique ». Le musée communal de Huy est riche en objets, documents, outils montrant l’importance de la viticulture en vallée mosane. )
      Dans la vallée mosane, on a planté des vignes de Maastricht à Bouvignes. On trouve les premières vignes à Amay au 7ème siècle puis à Huy ; c’est là que le vignoble est le plus important, grâce au micro-climat ; rives gauche et droite étaient plantées (Falisse, Yerpen, St-Hilaire,Tihange, La Sarte, Ben Ahin…)l’apogée du vignoble hutois se situe au 17ème siècle avec 300ha et une production de 750.000 litres. En 1850, on ne trouve plus que 50ha à Huy,10 à Amay et 5 à Ampsin. Le dernier vigneron exercera jusqu’en 1946

      A Namur, l’âge d’or se situe au 15ème siècle et à Liège entre les 13ème et 15ème siècles. Ainsi on trouve des vignes en Outremeuse et à Amercoeur en 1643 ;20 vignobles s’étendent à Sclessin dès le 12ème S. Au 13ème s. le liégeois Robert de Vesprim qui devient évêque en Hongrie emporte dans ses bagages quelques ceps de vignes ; or le « tokay furmint » hongrois d’aujourd’hui tire son origine du wallon furmint (qui signifie froment ,comestible ) ; il constitue plus de 70%de l’encépagement au nord de la Hongrie et est vraisemblablement un cépage de la vallée mosane, trace du passage de ce Liégeois .

      En 1438, les vignerons liégeois aménagèrent au coin des rues Féronstrée et Du Pont une halle qui appartint tout entière au métier jusqu’au 16 ème siècle

      En 1850, seuls 26 ha de vignobles subsistent en région liégeoise. Privilégié, le versant sud de la vallée appelé Petit Bourgogne était encore couvert de vignes en 1900.

      Témoignent encore aujourd’hui de l’activité vinicole ancienne de nombreux noms de rues comme « Sous les vignes », « Impasse de la vignette » ou « Mauvaises vignes », des « vide-bouteilles »ou constructions en pierre où le vigneron testait ses premières bouteilles (on en trouve par exemple dans la rue des Bégards, à Liège, près de la collégiale à Amay), des pressoirs, des plans.

      Les causes du déclin de la viticulture dans la vallée mosane et en Belgique en général
      L’importation des vins étrangers : on sait par exemple qu’au 10ème S. le prince-évêque Eracle possédait du vin de Worms et que les Liégeois mécontents en crevèrent les barriques. Ainsi fut oublié« le briolet », ce vin du pays au goût de pierre à fusil et à la couleur pelure d’oignon au profit des vins de Bourgogne et de Rhénanie.

      Les guerres et les révolutions : Sac de Liège en 1468 par Le Téméraire, ’incendie de Huy par Louis XIV en 1689, guerres des XVII et XVIII siècles, révolution liégeoise etc…Les guerres de 14-18et de 40-45 ont achevé le déclin

      Les conditions climatiques défavorables en Europe de 1550 à 1850 ; seuls les vignobles qui jouissaient d’un microclimat comme à Huy ont pu résister.

      Le développement industriel : exploitant le sous-sol minier et mettant à profit l’invention de la machine à vapeur, des usines comme celle de John Cockerill à Seraing attirent les ouvriers de la vigne grâce à des salaires plus avantageux.

      L’invention du chemin de fer en 1835 favorise l’arrivée des vins étrangers.

      Le développement de l’industrie et de l’habitat voit se réduire le domaine vinicole.

      La pollution et les maladies cryptogamiques :oïdium ,mildiou, pourriture grise, phylloxéra qui ravagera le vignoble français jouent un rôle bien négatif.
    • Aujourd’hui,
      quelques grosses pointures se dégagent en Flandre comme en Wallonie. Citons le Château de Genoelshelderen (Tongres) avec 25 ha de vignes, les 10 ha de vignes de Haulchin près de Binche avec sa cuvée Rufus, les 11 ha d’Emines près de Namur : les vins y sont de grande qualité .Les 2 A.O.C. « Côtes de Sambre et Meuse » et « Vin de pays des jardins de Wallonie » existent depuis 2004 ; s’y ajoutera bientôt l’A.O.C. « Crémant de Wallonie ». La Flandre compte 3 A.O.C. : Hageland, Heuvelland et Haspengauw. Les autres vins peuvent porter la dénomination « Vlaamse Landwijn »

      Parmi d’autres domaines intéressants, citons celui de Heuvelland(5 ha),de Lustin( 5à15ha) de Bioul près de Namur(10ha),du Ry d’Argent à Bovesse(6ha).

      A ces noms connus s’ajoutent ceux de tous les amateurs passionnés qui font revivre la vigne. Citons parmi beaucoup d’autres le vignoble planté sur un terril à Trazegnies , celui de Jean Galler à Vaux-sous-Chèvremont et celui de Ans connu sous le nom de Covae (Pour plus de détails, se référer au  site www.vindeliège.be et à info@vindeliège.be).

      Un 1er festival des vins wallons a regroupé 22 vignerons en 2012.Leur production totale avoisinait alors les 350.000 bouteilles .

      Autre preuve de la bonne santé du secteur aujourd’hui : La société Nomacorc de Thimister-Clermont est la 1ère firme à fournir dans le monde entier des bouchons synthétiques qui ne communiquent pas au vin la maladie du bouchon.
  • L’avenir s’annonce souriant pour les vins belges

    Les recherches de Charles Henry sur les meilleurs cépages à utiliser et ses expériences sur la vinification ont suscité de nombreuses vocations : 50 vignerons dans la région hutoise,20 en région liégeoise ;les autres provinces ne sont pas à la traîne et les vins produits sont de grande qualité.

    Les cépages utilisés sont bien greffés, croisés, clonés, expérimentés en régions au climat identique. Le réchauffement climatique est aussi un atout pour notre pays.

    Enfin l’intérêt pour le vin ne fait que s’intensifier puisqu’il tend à supplanter la bière. Notre tradition viticole est un autre atout : pourquoi les sites désaffectés par l’industrie moribonde ne seraient-ils pas réappropriés par le vignoble ?
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